GENOU

La rupture du ligament croisé antérieur (LCA): doit-on opérer ?

Le genou est une articulation très sollicitée et à risque d’entorse, car sa stabilité et sa mobilité mettent en jeu des processus complexes. Le ligament croisé antérieur (LCA) particulièrement fragile est soumis au risque de traumatismes aigus.

Rupture du ligament croisé antérieur

Le LCA ou ligament croisé antérieur est l’un des quatre ligaments qui stabilisent l’articulation du genou. Il limite le déplacement vers l’avant du tibia lors des mouvements de pivot. Il est sous tension et contraintes permanentes lors des activités physiques et sportives mais aussi au quotidien sur certains mouvements de la vie de tous les jours.

Lors d’un changement brutal de direction ou d’appui au football ou rugby, à la réception d’un saut (handball, basket), de torsion subite ou de choc appuyé au ski, le genou non contrôlé va entrainer la rupture ligamentaire.

La majorité des lésions du LCA intéresse des sportifs jeunes ou moins jeunes, les femmes ont trois fois plus de risque d’avoir une lésion isolée du LCA que les hommes à cause de l’anatomie osseuse du genou qui rend le ligament croisé antérieur plus vulnérable aux torsions.

Comment prendre en charge une lésion ligamentaire du ligament croisé antérieur ?

Le choix entre un traitement médical fonctionnel (Rééducation) et un traitement chirurgical reste souvent sujet à discussion. Cependant, même en l’absence de consensus strict, la chirurgie du LCA est progressivement devenue incontournable et est très souvent indiquée du fait de l’amélioration permanente des techniques qui sont devenues reproductibles et fiables. Aux États-Unis, la ligamentoplastie du genou est une des interventions les plus fréquentes en orthopédie, plus de 300 000 actes par an.

Face à un patient présentant une lésion du LCA, nous devons répondre à trois questions : doit-on opérer ? quelle technique utiliser ? quel est le pronostic du genou à court moyen et long terme ?

Doit-on opérer?

La chirurgie n’est pas obligatoirement urgente. Seule une lésion du ménisque en anse de seau luxée ou une lésion ostéochondrale mobile  de gros volume peut constituer des indications de chirurgie précoce pour traiter simultanément la rupture ligamentaire et la ou les lésions associées car le genou se trouve bloqué dans ces cas.

En dehors de ces cas de blocages réels associés, un traitement fonctionnel par kinésithérapie est donc entrepris rapidement devant une entorse récente du LCA. L’intervention doit être discutée avec le patient en consultation même avec un chirurgien spécialiste du genou. L’âge, le niveau sportif, l’ancienneté de la lésion, les atteintes associées méniscales, l’examen clinique des laxités du genou, le risque évolutif d’arthrose, le type d’activités sportives et professionnels, les besoins exprimés par les patients pèsent sur les indications qui sont discutées au cas par cas.

3 cas cliniques peuvent donner lieu à un consensus :

  • Un patient jeune, présentant une instabilité fonctionnelle, ayant une activité sportive avec des pivots(contact ou non)ou professionnelle à risque, justifie une reconstruction chirurgicale par ligamentoplastie du LCA. Le traitement éventuel d’une lésion méniscale se fait simultanément.
  • Un patient ne présentant pas d’instabilité fonctionnelle malgré l’ancienneté de la lésion, à fortiori si l’âge augmente, n’ayant pas de demande sportive, et n’ayant pas de lésion méniscale, ne justifie pas de traitement chirurgical systématique, mais un traitement fonctionnel, un suivi et une information éclairée quant au risque d’apparition d’une instabilité, qui amènerait à discuter d’une intervention.
  • Un patient, vu précocement, même s’il n’a pas eu le temps de développer une instabilité fonctionnelle, ayant une activité de pivot, et présentant une laxité significative peut faire l’objet d’une reconstruction chirurgicale

Quelle technique utiliser?

Les techniques de reconstruction ligamentaire du LCA utilisées à ce jour. Les ligamentoplasties de LCA :

  • La technique utilisant l’appareil extenseur (os-tendon patellaire-os). Appelée Kenneth jones
  • les techniques utilisant un ou deux tendons ischiojambiers DIDT (droit interne et demi tendineux) ou DT4
    • les techniques utilisant une allogreffe

Concernant l’utilisation de transplant os-tendon patellaire-os ou de tendons ischiojambiers, les études prospectives randomisées ne montrent pas de différence significative sur le niveau de reprise sportive.

Toutes les techniques doivent se faire à ce jour sous arthroscopie sauf cas exceptionnels.

Quel est le pronostic du genou à court moyen et long terme ?

L’objectif d’une ligamentoplastie de LCA est double : obtenir une bonne stabilité fonctionnelle du genou et limiter le risque de lésion méniscale secondaire et éventuellement retarder la dégradation arthrosique sans toutefois l’empêcher complètement. Le pronostic de long terme est meilleur dans les lésions isolées du LCA sans autre atteinte ligamentaire, méniscales et cartilagineuses.